•  MOUILLAC

      

     MOUILLAC

                                                        (Carte de Cassini)

      

          

    En quittant La Salle pour Mouillac, Bertrand Vayssié passe d'une commune qui s'administre librement (sous le contrôle, il est vrai, de plus en plus étroit du pouvoir royal), pour un territoire qui dépend de la Commanderie des Hospitaliers de Lacapelle-Livron.

     

    MOUILLAC

     

    Le Bulletin de la Société archéologique du Tarn-et-Garonne  nous fournit quelques indications sur ce que cette situation impliquait pour les emphytéotes*:

    La Commanderie de Lacapelle-Livron dépendait du Grand Prieuré de Saint-Gilles, dans la langue de Provence, dont elle était l'un des membres les plus importants. La riche métairie du Puy d'Auzon, les terres et les bois de Mouillac, la majeure partie de Canteyrac, avec une pointe jusqu'à Varaire,appartenaient à l'Ordre. . [...] 

    La nomination des desservants des cures suivantes : Loze, La Trivale, Lacapelle, Mouillac, Saint-Géry, Saillagol, Lugan, Saint-Amans, bien que relevant de l'évêque de Cahors, était soumise à la présentation du Commandeur des Hospitaliers. [...]

     En 1476, Jean D'ARLENDE bailla à nouveau cens toute la terre de Mouillac depuis longtemps abandonnée. Il permit la dépaissance, mais il se réserva d'y couper son bois de chauffage et son bois d'œuvre pour les constructions. Il était prévu que le Commandeur pouvait mettre dans les pâturages (sans jamais dépasser) 50 moutons, 4 bœufs. 12 porcs. Les emphytéotes ne pouvaient chasser ni lapins, ni perdrix, et ils devaient remettre au Commandeur un quartier de tout cerf, sanglier ou chevreuil tués. Les 907 hectares de Mouillac furent répartis entre 10 tenanciers de Lacapelle, Loze et Lalbenque, moyennant 80 écus d'or, 23 setiers de froment, 10 d'avoine, 10 livres de cire, douze paires de gélines, puis, à chaque changement de Grand-Maître de Rhodes, siège du Supérieur Général de l'Ordre, 10 sous d'acapte et 10 sous de réacapte également à la mort de chaque tenancier. II devait y avoir 2 consuls chargés de lever la taille, l'ovale et de désigner les gardes qui feraient le guet aux chatières de Lacanelle, quand besoin en serait. Enfin, le Commandeur, soucieux de la mise en culture des terres, exige que les 10 tenanciers aient au moins 24 paires de bœufs de labour (acte du 19/12/1476). [...]

     La Commanderie de Lacapelle-Livron, comme toutes celles de France d'ailleurs, n'existe plus depuis 1790, époque à laquelle le dernier chevalier prit le chemin de l'exil. La totalité du domaine a été vendue comme bien national dès la Révolution. Ainsi furent dispersées et partagées les immenses étendues de Mouillac, Canteyrac, Cartayrou, etc., qui se composaient, en majeure partie de bois, mais aussi de bonnes terres et de métairies.

    *emphytéotes: exploitants qui détiennent un bail de longue durée en échange d'une redevance modique; dans le cas de Mouillac, ils pouvaient transmettre le bail à leurs descendants, et même le vendre à un tiers. Bertrand Vayssié avait-il acheté le sien? Ou sa mère, Madeleine Delrieu, née à Mouillac, y avait-elle des droits qu'elle lui aurait légués?

     


    votre commentaire
  •  

     

         

    BERTRAND VAYSSIÉ (1707-1748)

      

     

                                                 UN ACTE DE BAPTÊME

        

                   

          "Le seize août mil sept cent sept est né Bertrand Vayssié, fils légitime et naturel de Pierre Vayssié et de Madeleine Delrieu, mariés, du masage de Poussou, et a été baptisé le vingt-et-un août; parrain, Bertrand Ramond, de la ville de Caylus; marraine, Cécile Lestang, de la paroisse de Saint-Symphorien; présents, Pierre Vayssié et Antoine Poux (?), tous deux de la paroisse de Caylus; en foi de

                                                           (illisible) prêtre et vicaire de Saint-Symphorien."

         

                Le registre paroissial avertit un peu plus loin qu'il y a eu du dérangement à la suite de mutations de curés. Il n'y a donc pas lieu de s'étonner que ce soit un prêtre  autre que le curé titulaire de  la paroisse qui procède à la cérémonie, ni que le baptême ait dû attendre cinq jours après la naissance, alors que l'usage dominant est d'y procéder le jour même. Plus curieux est le choix (ou peut-être non-choix?) des parrain et marraine: tous les autres enfants de Pierre sont portés sur les fonts baptismaux par leurs grands-parents, par leurs frères et sœurs aînés, ou par des voisins de La Salle. Si le parrain de Bertrand, mari d'Anne Vayssié,  est l'oncle par alliance de son père, je ne sais quel lien peut avoir la marraine avec les Vayssié. Quant aux témoins, on s'interroge sur ce Pierre Vayssié de la paroisse de Caylus: est-ce une erreur du prêtre? ou s'agit-il d'un des demi-frères de Jacques Vayssié?

                À croire que la singularité devait être la marque de Bertrand!

        

     

     

                    

                                                              QUITTER LE NID 

     

              De La Salle à Mouillac, il n'y a pas loin. Quand et dans quelles conditions Bertrand décida-t-il de quitter un village pour l'autre? À La Salle peut-être n'aurait-il été que brassier au service de son frère aîné ou des Poussou. À Mouillac quel était son statut? Ni son acte de mariage ni les actes de baptême de ses fils ne le précisent; mais l'acte de mariage de l'un de ses neveux à La Salle en 1748, soit quelques mois avant sa mort, le qualifie de laboureur, ce qui suppose que les conditions lui avaient été favorables et qu'il avait su en tirer parti.

     

             

     

     

               Mouillac est un ensemble de hameaux, aujourd'hui dépeuplé (moins de cent habitants), mais qui, au XVIIIème siècle, était relativement prospère. C'est dans le hameau de Cavaillé que s'établit Bertrand Vayssié, alors que ses beaux-parents sont installés au Pech (ou Pech de Fourques).

     

              

     

     Il y laissera une empreinte si durable qu'au XXème siècle encore, la maison où vivront ses descendants sera connue sous le nom d'oustal de Bertron - maison de Bertrand - et que son prénom leur servira de surnom. 

     

                                                        VIVRE, MOURIR...

     

     

    Le mariage de Bertrand Vayssié et d'Anne Miquel est célébré à La Salle le 20 novembre 1738. Il a donc trente-et-un ans, elle doit en avoir environ dix de moins: une lacune dans les registres de Mouillac a fait disparaître son acte de baptême, mais son acte de décès en 1785 lui accorde environ soixante-huit ans, ce qui place sa naissance aux alentours de 1717. Elle est fille d'un  brassier, et peut-être le laboureur Pierre Vayssié avait-il plus de facilités pour organiser les noces - ou peut-être y tenait-il: le fait est que tous ses enfants se sont mariés à La Salle, même si ses filles ont ensuite résidé ailleurs.

     

            

     

           Le couple a trois fils. L'aîné, Pierre, demeure célibataire. Le second, Étienne, perpétuera la lignée à Mouillac. Le dernier, également prénommé Pierre, meurt à dix mois, le même jour que son père. C'est ici que l'imagination s'enflamme: l'enfant a-t-il couru un danger (chute dans un puits, écroulement d'un mur en construction ou d'un poutre, effondrement d'un pile de bois, approche imprudente d'un cheval ou d'un bœuf...) et son père est-il mort avec lui en voulant le sauver? Ou plus banalement une même maladie les a-t-elle frappés ensemble? Ou une intoxication? Ou la famine? Le fait est qu'il y a une telle concentration de décès dans le seul hameau de Cavaillé en un peu moins de deux mois en cette fin de 1748 que le curé est obligé, faute de place, de reporter une partie des actes dans le registre de 1749. Parmi les morts, Étienne Léris, maçon - et parrain d'Étienne Vayssié.

         

             "Le cinq [décembre 1748] mourut Bertrand Vayssié du village de Cavaillé, âgé d'environ quarante ans, et fut enseveli le six au tombeau de ses aïeux par moi soussigné; présents, Géraud Léris, maçon, de Vaylats, signé, et Barthélémy Alaux, non signé pour ne savoir, de ce requis par moi,

                                                                                      Frayssinet curé   Léris"

      

    Le "tombeau des aïeux"' (ou "de ses prédécesseurs") semble n'être qu'une formule un peu pompeuse qu'affectionne le curé et qu'effectivement il emploie à plusieurs reprises. Bertrand Vayssié n'avait à Mouillac que des ancêtres maternels.

    Pour l'enfant de dix mois, le curé se contente, selon une habitude répandue dans ces anciens registres, d'un ajout en marge de l'acte de baptême:

      

      "obiit die 5e xbre" : "mourut le 5 décembre".

     

     

     

                                    ... ET LAISSER SON EMPREINTE.

     

     Au milieu des années 1950 encore, nous habitions "a co de Bertron" (transcription phonétique), c'est-à-dire "dans la maison de Bertrand, chez Bertrand". Il me semble bien - mes souvenirs sont flous - qu'une fois au moins j'ai demandé une explication et qu'on n'a pu m'en fournir: on avait toujours dit comme ça, voilà tout. Quand le prénom de Bertrand est apparu dans la lignée de mes aïeux, un peu de lumière s'est fait; c'était forcément de lui que la maison tirait son nom patois. Mais pourquoi?

    Les registres montrent que ce prénom s'est également attaché à ses descendants. Il arrive que son fils Étienne soit par erreur appelé Bertrand; ainsi dans l'acte de décès de sa fille Jeanne, morte à six ans en 1786, celui-ci est successivement Bertrand puis Étienne. La mention "dit Bertrand" se trouve accolée tantôt au prénom, tantôt au nom de son petit-fils Jean Pierre, et de ses arrière-petits-enfants; à la fin du XIXème siècle, le même Jean Pierre Vayssié devient Bertrand Vayssié dans l'acte de décès de l'un de ses fils, Jean Antoine, à Lalbenque.

    À quoi attribuer une telle persistance? À la rareté de son prénom à Mouillac lorsqu'il s'y installe? S'y est-il fait remarquer par son caractère? Est-ce lui qui a fait construire, ou du moins commencer la maison? Il y a ces Léris, Étienne et Géraud, maçons de Vaylats, dont l'un est le parrain de son second fils et l'autre témoin à sa sépulture... Les circonstances de sa mort et de celle de son plus jeune enfant le même jour étaient-elles de nature à frapper durablement les esprits? Je n'ai pas de document qui permette de trancher. 

     

     

      


    votre commentaire
  •  

     

     

     

     PIERRE VAYSSIÉ (vers 1672-1752)

     

     

                                       

                                             QUAND L'ÉCRIT SE PERD...

      

              Les registres paroissiaux qui, sous l'Ancien Régime, faisaient également office de registres d'état civil étaient, certes, établis en double exemplaire par les curés et leur bonne tenue contrôlée par le représentant du roi. Mais ils ont subi les soubresauts de l'histoire et souvent pâti de leurs conditions de conservation.

                La région de Caylus a souffert de la guerre de Cent Ans, des villages ont été dévastés voire anéantis par les affrontements entre Anglais et Français, puis par les Grandes Compagnies, ces bandes de mercenaires livrées à elles-mêmes. Les guerres de religion y ont à leur tour exercé leurs ravages. Enfin la Révolution n'y a pas été exempte de troubles.

                  C'est ainsi que certains registres ont brûlé avec les églises, que d'autres, entreposés à l'humidité, se sont décolorés, ont été rongés par les rats... Bref  il faut une certaine chance pour disposer de documents d'état civil antérieurs au XVIIème siècle quand on descend d'une humble famille de paysans.

                   Et même alors tout n'est pas simple! Dans une même localité, l'échantillon des noms et des prénoms apparaît restreint, les curés notent avec une précision variable les liens de parenté, rares sont les paysans capables d'écrire leur nom. S'il est aisé de reconnaître ici ou là la présence de Jacques Vayssié qui sait signer, ni son fils ni ses petits-fils ni la plupart des collatéraux ne savent, ce qui complique passablement le tri des innombrables Jean ou Pierre et de leur descendance. 

       

     

     

                                                      ILS SE MARIÈRENT...

     

                    La première mention de Pierre Vayssié figure dans l'annonce du remariage de son père qui coïncide avec celle de son propre mariage. Le registre de La Salle commence en 1680, il n'est donc pas possible d'y trouver son acte de naissance. Son acte de décès, qui lui attribue environ quatre-vingts ans  en 1752, conduit à placer sa naissance aux environs de 1672.

                    Mais on trouve dans le registre de Mouillac l'acte de naissance de sa femme, Madeleine Delrieu.

            

               "Ce 29 avril 1671 a été baptisée Madeleine Delrieu, née le même jour, fille de Jean et d'Antoinette Vidaillac, mariés; de laquelle a été parrain Antoine Vidaillac et la marraine Catherine Vidaillac, tous de la paroisse, en présence de Georges Vidaillac, Jean Dejean, tous de ma paroisse; en foi de quoi,

                                                                      Garrigou, Recteur de Mouillac."   

      

                  Des Vidaillac et des  Delrieu, on en rencontre aussi bien à La Salle qu'à Mouillac et sans doute existe-t-il des liens de parenté entre les uns et les autres, liens qu'il serait long d'explorer, mais qui doivent être à l'origine du mariage, évidemment arrangé comme il était de règle alors, entre Pierre Vayssié et Madeleine Delrieu.

                   On peut remarquer encore, une fois pour toutes, que l'exigence par l'Église d'une dispense au moindre soupçon de cousinage a peut-être plus efficacement limité les risques de consanguinité chez les paysans que dans certaines familles royales... Les registres de Caylus notent, dans l'un des rares cas où une telle dispense a été demandée et accordée, que c'est "parce qu'il faut que le mariage se fasse"! La future épouse devait être notoirement enceinte, à tout le moins compromise.

     

     

                        ...ET ILS EURENT BEAUCOUP D'ENFANTS.

     

                     Toute la vie de Pierre Vayssié s'écoula apparemment à Poussou, même s'il lui arrive de figurer en tant que témoin d'événements familiaux dans les registres d'autres paroisses, par exemple à Saint-Pierre de Livron.

                     De Madeleine Delrieu, il eut dix enfants, dont quatre moururent en bas âge. Qu'aucun d'eux n'ait eu comme parrain ou marraine un oncle ou une tante renforce l'hypothèse que ni Pierre ni Madeleine n'avaient de frère ou de sœur. 

            

    PIERRE VAYSSIÉ

     

               Des trois garçons, l'un, Pierre, bien que son acte de décès manque dans les registres de la Salle, est mort avant sa mère: il ne figure pas dans le testament de celle-ci; Raymond succède à son père et à son grand-père à Poussou et se retrouve lui aussi à la tête d'une nombreuse famille; c'est Bertrand qui va s'installer à Mouillac et y enraciner une lignée de Vayssié.


         

             

               

                      (La présence de jumeaux - qui n'ont pas vécu - renforce l'hypothèse que le grand-père maternel de Madeleine Delrieu, Antoine Vidaillac, ait bien eu pour sœur jumelle cette Antoinette Vidaillac qui meurt quelques semaines après lui et à qui le curé de Mouillac attribue exactement le même âge.)

              Veuf  en 1710, Pierre Vayssié se remarie en 1711 avec Marguerite Brousses; mais contrairement à son grand-père, il épouse une femme trop âgée pour lui donner d'autres enfants. On le voit ensuite exécuter scrupuleusement le testament de sa première épouse, qui stipule qu'aucun de leurs enfants ne doit être lésé dans le partage de leur succession.

     

     

     

     

     

      

     

     

     

     


    votre commentaire
  •  

     

     

                                                                    MIGRATIONS

     

     

                           SAINT-PIERRE DE LIVRON

     

                   Françoise Cases, qui est très probablement la mère de Jacques Vayssié est née à Félines; son père Pierre, premier du nom vit à Saint-Pierre de Livron; lui-même, sans doute à la suite de son mariage, réside à La Salle, ainsi que son fils Pierre.

                 L'un des fils de Pierre, Bertrand, quitte La Salle pour Mouillac.

     

     

               SAINT-PIERRE DE LIVRON  

                                                              Saint-Pierre de Livron

              

     

     


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires