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     A CO DE BERTRON'

     

     

              L'orthographe normalisée serait plutôt "a ca de Bertran", mais de ces "a" la prononciation mouillacoise fait des "o" très ouverts. "Ca" étant évidemment l'équivalent du "casa" (maison) de l'espagnol, l'expression signifie "chez Bertrand". Dans les années 1950, nous habitions cette maison sans savoir quel était ce Bertrand dont le nom lui restait attaché. Il s'agit bien entendu de Bertrand Vayssié, premier de la lignée à avoir vécu à Mouillac. Peut-être habitait-il à ce même emplacement, mais pas dans les mêmes murs: sur le linteau de la porte, on lit encore la date de 1832:

    PROBLÈME DE MAISON

    Cela suppose donc que la construction actuelle n'a été terminée qu'au dix-neuvième siècle, à l'époque des deux Jean Pierre Vayssié, père et fils, le premier étant le fils d'Étienne et le petit-fils de Bertrand; en 1832, il avait 49 ans.

     

    Vendue en 1958, la maison a été revendue une dizaine d'années plus tard. Son apparence actuelle est bien différente de celle que lui ont connue les derniers Vayssié à y vivre, et l'on peut regretter la disparition de l'escalier extérieur et du "balet" caractéristiques de l'habitat local.

     

    PROBLÈME DE MAISON

     1958

      

    PROBLÈME DE MAISON

    Vers 1970

     

    PROBLÈME DE MAISON

    2014

     

    Qu'Étienne Vayssié, mort en 1790, ait résidé au même emplacement que son fils Jean Pierre, sinon dans les mêmes murs,  est indubitable: le cadastre dressé à Mouillac en 1784 en fournit la preuve. Certes il ne comporte aucun plan, mais sa description des  "confronts", c'est-à-dire du voisinage, comparée au cadastre napoléonien (1837), permet d'aboutir au schéma suivant:

     

    A CO DE BERTRON'

     

    Le changement de nom des propriétaires ne reflète pas des ventes, mais des mariages: Raymond Aymard a épousé Marguerite Déjean Rouby, fille et héritière d'Antoine (l'un des morts de 1748, comme Bertrand Vayssié); Jean-Pierre Vidaillac est marié à Jeanne Guiraudies, et il est le beau-frère de Jean Pierre Vayssié qui, lui, a épousé Marie Vidaillac. Le nom de "maison de Guiroou" par lequel on continuait à désigner la maison adjacente à celle des Vayssié remonte vraisemblablement à Géraud  (en langue d'oc Guiral) Guiraudies. Il me reste à trouver quand elle est devenue propriété des Vayssié.

    Quant à savoir si Bertrand Vayssié habitait au même endroit que son fils Étienne, c'est plus difficile. Il a reçu donation, à son mariage, des biens que détenait son grand-père Jean Delrieu à Mouillac. Or, dans le cadastre de 1684, la situation de la maison de celui-ci ne paraît pas correspondre à celle de la maison d'Étienne, mais impliquer une position plus à l'est.

    Bertrand aurait-il commencé à édifier la maison achevée en 1832? Je m'interroge toujours  sur la présence dans le hameau de Cavaillé, dans les années où y vivait Bertrand, de deux maçons de Vaylats, Étienne et Géraud Léris. Elle peut s'expliquer par un simple rapprochement familial si le Pierre Léris qui acquiert une petite maison à Cavaillé est leur père, et  si la Cécile Déjean, veuve de ce même Pierre, qui meurt en 1748, est leur mère. Mais pourquoi Bertrand a-t-il choisi Étienne Léris comme parrain de son second fils, plutôt qu'un membre de sa parenté selon l'usage? Malheureusement, à supposer qu'Étienne ait travaillé pour ou avec Bertrand à l'édification de la maison, il est plutôt douteux qu'existe un contrat écrit; les bourgeois en faisaient établir, par exemple à la même époque un "sieur Bories", de Caylus, pour un Jean Vaissié, maçon, de Saint-Pierre de Livron, mais bien plus rarement les paysans... 

     

     


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