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     SOLUTION D'UNE AUTRE

     

    Certes, les Vaissié de Rigal ne sont que de lointains cousins puisqu'ils descendent du remariage de Pierre Vayssié avec Florette Tournamire. Mais c'est le Jean né de ce second mariage en 1665 qui hérite des terres de Rigal Boissière, puisque Jacques, notre ancêtre, reprend, lui, les terres de son beau-père, Pierre Peyronnenc, à La Salle.

    Cependant, je n'ai pu m'empêcher d'essayer de voir ce qu'ils devenaient et comment ils avaient abandonné Rigal avant même que le hameau ne soit englobé dans le camp  militaire de Caylus.

    Ce Jean né en 1665 transmet Rigal à son fils aîné Pierre, cependant que le second, un autre Pierre, se marie à Espinas avec une jeune veuve, et que le troisième, Jean, s'installe aux Espagots.

    À Pierre succède son fils Jean, qui, par le décès de son frère à l'âge de vingt ans, se retrouve seul héritier.

    C'est à la génération suivante, celle qui traverse la Révolution, que commence l'appauvrissement de Rigal; en effet, celle-ci impose un partage égalitaire des héritages, et Jean laisse trois fils et une fille.

    L'aîné, Jean Louis, prend sa suite en 1790, mais meurt prématurément en 1795. Sa veuve doit alors faire face aux réclamations de ses beaux-frères: François, marié au hameau de Quercy, Jean Antoine établi, par son  mariage, à Parisot, et le mari de sa belle-sœur; elle a beau être fille d'un bourgeois de Vidaillac et pourvue d'une dot confortable, il lui faut céder quelques terres. De plus, il ne lui reste qu'un fils, un autre Jean Antoine, menacé par la conscription, à qui elle paie - cher - un remplaçant. Enfin sa fille, mariée à un Aveyronnais, ne veut pas rester dans l'indivision avec son frère: d'où nouvelle amputation des terres de Rigal, d'autant plus que le gendre confie l'exploitation  de sa part à un fermier venu de l'extérieur plutôt qu'à son beau-frère.

    Ce n'est évidemment pas là qu'était l'énigme: les notaires de Caylus ont enregistré tous ces événements.

    Ce qui était obscur, c'était l'origine de la femme de Jean Antoine, Élisabeth Quèbre. On la voit apparaître pour la première fois à Caylus en 1816, dans l'acte de naissance de leur premier enfant. Les publications de mariage pour la décennie n'existent pas ou ont été perdues, aucun autre acte d'état civil ne fournit de piste, et elle n'est pas morte à Caylus ,  où le nom de Quèbre est étranger.

    Et pourtant j'avais presque la solution, dans les notes prises au tout début de mes recherches - ce qui prouve l'utilité des relectures! Ayant dépouillé en partie le répertoire général d'un notaire de Puylaroque, j'y avais relevé la mention d'un contrat de mariage entre un Vaissié, dont je n'avais pu déchiffrer le prénom, et une Élisabeth Quèbre. Après quoi j'avais oublié, le nom de la fiancée ne se rattachant à rien de ce que je savais alors. Mais en relisant mes vieilles notes...

    Je n'ai même pas eu besoin de consulter le contrat: le nom du notaire, dont j'ai plusieurs fois feuilleté des registres,  permettait de savoir de quels villages venaient en majorité de ses clients. Pas de Quèbre à Puylaroque même, ni à Belmont, mais pour Labastide-de-Penne existe par chance la table décennale des mariages de la période qui m'intéressait. J'ai donc trouvé l'acte de mariage de Jean Antoine et d'Élisabeth, en août 1815, et appris qu'elle était née à Cahors mais vivait dans la paroisse de Saint-Martin de Cayssac, dont son oncle, l'un des témoins du mariage, était curé.

    Cet oncle devait d'ailleurs lui léguer une bonne partie de son mobilier, comme on l'apprend par l'inventaire des biens de Jean Antoine après sa mort en 1849.

    Et pour en revenir à la désagrégation de Rigal, c'est avec les enfants de Jean Antoine qu'elle se confirme: l'un se fait boulanger et se marie à Caussade, je ne sais ce que devient le plus jeune, mais le second, qui demeure un temps à Rigal, l'abandonne à son tour vers 1866, et meurt à Penne-sur-Tarn en 1902.

     

     

     


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