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    LE TESTAMENT DE BERNARD (Ter)

     

     

    LE TESTAMENT DE BERNARD  (TER)

     

    Début du testament de Bernard Vayssié

     On comprendra aisément qu'il m'ait fallu de l'aide pour tirer de ce testament un peu plus que les noms des enfants de Bernard. Heureusement, on trouve sur la Toile des paléographes capables de retranscrire ce genre de grimoire en caractères lisibles pour le commun des mortels.

     

    LE TESTAMENT DE BERNARD  (TER)

    Extrait de la carte de Cassini

     

    Qu'apprend-on de plus? Que Bernard Vayssié était bordier, c'est-à-dire fermier d'une propriété appelée les Madrelles, évidemment introuvable sur les cartes usuelles d'aujourd'hui. Mais la carte de Cassini, qui date du dix-huitième siècle, le cadastre napoléonien de Caylus et la carte de randonnée de l'IGN connaissent un lieu-dit appelé La Madrelle : il est très vraisemblable qu'il s'agit du même endroit, d'autant plus que Rigal, où vivront le fils de Bernard, Laurent, puis les descendants  de celui-ci, est très proche.

    Cette propriété appartenait à un bourgeois originaire de Najac (Aveyron), Durand Pause, parent du Pierre Pause qui fut l'un des premiers artisans de la renaissance de Mouillac en 1476. Un autre Pause, Louis, prieur de Félines (la paroisse de Françoise Cazes), figure parmi les témoins.

    Bernard Vayssié exploitait les Madrelles en association avec ses fils, précise le testament. Et de toute évidence il cherchait à devenir propriétaire: nombreux sont les actes d'achat de terres faits par lui et ses deux fils aînés, Laurent et Pierre, dans les registres de notaire aux alentours de 1525.

    Quant au détail des legs énumérés par le testament, quelques-uns sont intéressants. À ses filles, il ne laisse que cinq sols outre leur dot, ce qui suppose qu'elles étaient déjà toutes mariées. À sa femme, il assure selon l'usage le vivre et le couvert, mais en outre il l'investit d'une autorité morale: "il veut", fait-il écrire par le notaire, "qu'elle puisse porter témoignage au nom de son âme pour toutes les causes importantes et difficiles". Aux fils cadets, Raymond et Laurent junior, il lègue quarante livres, en laissant le choix entre deux modalités de paiement: soit en quatre fractions s'ils le demandent, soit pour moitié à leur mariage (donc ils sont encore célibataires en 1537) et le reste sous forme de rente annuelle. En désignant comme héritiers universels, les deux aînés, il exige qu'ils restent associés - sinon Laurent ne gardera que l'usufruit de ce qui lui a été donné pour son mariage (en 1531, avec Catherine Ramond) et sa part rentrera dans l'héritage de son frère. Enfin, il va jusqu'à prévoir l'ordre de succession dans le cas où les aînés n'auraient pas d'enfants - mais Laurent en aura cinq, Pierre aucun et les deux aînés resteront unis.

    Parmi les témoins, outre Louis Pause, on trouve aussi un Jean Calmon, donc un membre de la famille des tenanciers de Rigal investis par les Gasc vers 1460, et un Jean Éché qui pourrait être l'un des gendres de Bernard. 

     

     


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  • UNE IMAGE

     

     Cherchant une représentation de paysans du seizième siècle, j'ai fini par tomber, dans un livre consacré aux guerres de religion, sur la reproduction d'une gravure sur cuivre, dont j'extrais ce détail:

     

    UNE IMAGE

     

     

     

     

     

     


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    TESTAMENTS 

     

    Autour de 1550, la peste ne cesse de rôder dans les environs de Caylus, aussi les habitants sont-ils nombreux à rédiger leur testament, même s'ils ne souffrent que d'une indisposition passagère.

     

    Jacques Ramond, beau-père de Laurent Vayssié, est sans doute suffisamment avancé en âge pour que son testament précède de peu son décès. Ce testament présente l'avantage de confirmer plusieurs détails. Il nomme bien Catherine Déjean comme épouse de Jacques Ramond. Il mentionne messire Bernard Déjean, chapelain (sans doute frère de Catherine): or c'est dans la maison de ce prêtre qu'a été établi l'acte par lequel Bernard Vayssié donne à son fils Laurent le tiers de ses biens à l'occasion de son mariage avec Catherine Ramond, fille de Jacques. Cette Catherine elle-même apparaît dans le testament de son père comme "Catherine plus vieille, femme de Laurent Vayssié", mais c'est à ses enfants que Jacques destine un legs, ce qui suppose qu'à cette date - avril 1551 - elle était déjà décédée. Enfin, parmi les huit enfants cités, figure un "messire Arnaud Ramond, chapelain" (protégé de l'oncle Bernard?), à qui il se pourrait bien qu'Arnaud Vayssié, fils de Laurent et de Catherine, doive son prénom.

    Mais aucun François Ramond ne figure dans ce testament, ce qui indique que le mari de Marguerite Vayssié, sœur de Laurent, est un homonyme et non un parent (ou alors bien éloigné) de Catherine Ramond.

     

    Plus intéressant encore, le testament de Pierre Vayssié, frère de Laurent, testament établi en 1548 soit près de trente ans avant le décès du testateur. Pierre est malade, mais sans doute pas de la peste puisque les mots "contagion" ou "infection" n'apparaissent pas sous la plume du notaire, qui ne semble pas non plus prendre de précaution particulière, comme se faire dicter les dernières volontés du malade depuis une fenêtre.

    Si Pierre tient à mettre ses affaires  en ordre, c'est qu'il n'a pas d'enfant (et il n'en aura pas) et veut assurer l'avenir de sa femme, Marguerite Éché. C'est elle en effet qui est sa légataire, chargée de transmettre ensuite les biens de Pierre à ses frères, Laurent vieux et Laurent jeune.

    Mais en outre, Pierre prévoit de nombreux legs: autant de renseignements précieux sur sa fratrie. Il ne nomme pas son frère Raymond, que celui-ci soit déjà mort ou brouillé avec la famille. Il ne nomme pas sa sœur Marguerite,  mais bien "sa nièce Cécile Ramond", qui ne peut être que la fille de Marguerite Vayssié et de François Ramond, et comme il fait allusion à une "pièce de terre" des "héritiers de François Ramond", on peut être sûr du décès du couple à cette date.

    Il cite comme son beau-frère ("conhat") Jean Éché, sans doute celui qui portera le surnom de "Sigalo" et dont parle Marguerite Éché dans son propre testament.

    Surtout il énumère toutes ses autres sœurs et leurs époux:

    • Cécile, dont la présence m'avait échappé dans le testament de Bernard Vayssié, l'orthographe du notaire ("Seselia") étant assez fantaisiste; elle est mariée à un autre Jean Éché;
    • Catherine, épouse d'un Pierre Roque;
    • Anne, femme de Jean Varen;
    • Antoinette ("Antonia"), qui a épousé un troisième Jean Éché.

     

    Deux autres Éché figurent dans ce testament: d'abord un chapelain,  Fourton  Éché, plusieurs fois rencontré dans des actes comme possesseur d'une maison à Caylus, maison qui sert parfois de cadre à des contrats d'achat conclus par Pierre ou Laurent Vayssié; ensuite Raymond Éché, qui habite aux Mondonets et doit être un cousin de Marguerite.

     

    N.B. Les homonymes sont une plaie! Comment s'y retrouver entre tous ces Éché, dont les prénoms varient peu?

     

     

     


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    LES ENFANTS DE BERNARD 

         Certitudes et hypothèses 

     

     Concernant les deux fils désignés comme héritiers dans le testament de Bernard Vayssié, Laurent vieilh (vieux) et Pierre, les choses sont claires.

    Laurent épouse en 1531 Catherine Ramond et reçoit de son père le tiers de tous ses biens meubles et immeubles. Le couple aura quatre enfants (survivants en tout cas), Jean, Arnaud, Catherine et Pierre; ce dernier est le Pierre surnommé Boutinian, décédé en 1614 et ancêtre avéré de Jean-Marie Vayssié, mon grand-père.

    Pierre épouse Marguerite Éché, dont il n'a pas d'enfants, du moins qui lui survive; c'est pourquoi il choisit comme héritier son neveu, homonyme et sans doute filleul, Pierre (toujours le même Boutinian), ce qui semble avoir provoqué quelques frictions familiales, d'autant plus que le premier Pierre et son épouse ont, par d'assez nombreux achats, accru leurs propriétés.

    De Laurent jove (jeune), je ne sais encore rien, sinon qu'en 1546 il donne quittance à Laurent vieilh, son frère, peut-être pour le règlement de la succession de leur père.

    Raymond négocie en 1534 un achat (apparemment celui d'une chènevière); il s'est marié, mais j'ignore avec qui; il laisse une fille, Alix, qui, avec son mari (dont le prénom est Jean et le nom peut-être Vernhes ou Vinhes ou Vérines), réclame en 1564 la part de l'héritage promise à Raymond, qui doit donc être décédé avant cette date.

    Marguerite est mariée dès avant 1531, puisqu'elle apparaît le 3 juin de cette année-là dans un acte notarié en tant que "femme de François Ramond". Ce François est-il parent de la femme de Laurent?  Rien ne le prouve pour l'instant. En 1533, Marguerite dicte son testament, par lequel elle désigne comme héritiers son mari François Ramond et son fils Bernard; mais elle vit encore en 1537  puisqu'elle figure dans le testament de son père.

    Anne a peut-être épousé Jean Varen; en tout cas une Anne Vayssié associé à un Jean Varen est nommée en 1531 dans le testament d'un Antoine Varen de Saint Pierre Livron, et Jean Varen est associé à Pierre et Raymond Vayssié dans un acte de la même année.

    Restent Cécile (que les notaires écrivent assez bizarrement: Sessilie ou Cessilia), Catherine  (et non Guillemette, comme je l'ai cru un moment) et Antoinette, dont je n'ai pas trouvé d'autre trace jusqu'à présent que leur nom dans le testament de Bernard.

     

     


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    LE TESTAMENT DE BERNARD - bis

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    UTILITÉ DES RELECTURES

     

    Latin ou pas, gribouillis ou pas, l'entêtement armé d'une loupe parvient à grappiller quelques détails supplémentaires.

    D'abord Bernard Vayssié n'est pas établi à Rigal Boissière, mais sans doute déjà sur la paroisse de Saint Pierre Livron puisque c'est là qu'il désire être enseveli et il prévoit un legs à cette église ainsi qu'à la "table du Purgatoire".

    À chacun de ses deux fils cadets, il lègue 40 livres, dont 20 dans l'immédiat.

    À chacune des ses quatre filles, il laisse 5 sols, c'est-à-dire la somme qui semble conventionnellement signifier que le testateur n'oublie pas les enfants déjà dotés. On est donc amené à penser qu'elles sont toutes mariées et dotées en 1537, année de la rédaction du testament, bien qu'on n'ait pour l'instant de traces que du mariage de l'aînée, Marguerite.

    Enfin un assez long passage est consacré au legs fait par Bernard à sa femme, "Guilhelma Martina", en français Guillemette Marty (plus probablement que Martin); ce legs comporte une somme de 5 livres et sans doute (mais pas encore déchiffré) l'ensemble des biens nécessaires à sa subsistance, selon l'usage qu'on observe dans d'autres testaments.

    Parmi les témoins se rencontrent deux Éché, dont un Pierre (pourrait-il être  le grand-père de Claire Éché, femme de Laurent Vayssié?), un Calmon et un Bousquet, dont les descendants se retrouveront à Rigal.

     

     


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