• BERTRAND VAYSSIÉ

     

     

         

    BERTRAND VAYSSIÉ (1707-1748)

      

     

                                                 UN ACTE DE BAPTÊME

        

                   

          "Le seize août mil sept cent sept est né Bertrand Vayssié, fils légitime et naturel de Pierre Vayssié et de Madeleine Delrieu, mariés, du masage de Poussou, et a été baptisé le vingt-et-un août; parrain, Bertrand Ramond, de la ville de Caylus; marraine, Cécile Lestang, de la paroisse de Saint-Symphorien; présents, Pierre Vayssié et Antoine Poux (?), tous deux de la paroisse de Caylus; en foi de

                                                           (illisible) prêtre et vicaire de Saint-Symphorien."

         

                Le registre paroissial avertit un peu plus loin qu'il y a eu du dérangement à la suite de mutations de curés. Il n'y a donc pas lieu de s'étonner que ce soit un prêtre  autre que le curé titulaire de  la paroisse qui procède à la cérémonie, ni que le baptême ait dû attendre cinq jours après la naissance, alors que l'usage dominant est d'y procéder le jour même. Plus curieux est le choix (ou peut-être non-choix?) des parrain et marraine: tous les autres enfants de Pierre sont portés sur les fonts baptismaux par leurs grands-parents, par leurs frères et sœurs aînés, ou par des voisins de La Salle. Si le parrain de Bertrand, mari d'Anne Vayssié,  est l'oncle par alliance de son père, je ne sais quel lien peut avoir la marraine avec les Vayssié. Quant aux témoins, on s'interroge sur ce Pierre Vayssié de la paroisse de Caylus: est-ce une erreur du prêtre? ou s'agit-il d'un des demi-frères de Jacques Vayssié?

                À croire que la singularité devait être la marque de Bertrand!

        

     

     

                    

                                                              QUITTER LE NID 

     

              De La Salle à Mouillac, il n'y a pas loin. Quand et dans quelles conditions Bertrand décida-t-il de quitter un village pour l'autre? À La Salle peut-être n'aurait-il été que brassier au service de son frère aîné ou des Poussou. À Mouillac quel était son statut? Ni son acte de mariage ni les actes de baptême de ses fils ne le précisent; mais l'acte de mariage de l'un de ses neveux à La Salle en 1748, soit quelques mois avant sa mort, le qualifie de laboureur, ce qui suppose que les conditions lui avaient été favorables et qu'il avait su en tirer parti.

     

             

     

     

               Mouillac est un ensemble de hameaux, aujourd'hui dépeuplé (moins de cent habitants), mais qui, au XVIIIème siècle, était relativement prospère. C'est dans le hameau de Cavaillé que s'établit Bertrand Vayssié, alors que ses beaux-parents sont installés au Pech (ou Pech de Fourques).

     

              

     

     Il y laissera une empreinte si durable qu'au XXème siècle encore, la maison où vivront ses descendants sera connue sous le nom d'oustal de Bertron - maison de Bertrand - et que son prénom leur servira de surnom. 

     

                                                        VIVRE, MOURIR...

     

     

    Le mariage de Bertrand Vayssié et d'Anne Miquel est célébré à La Salle le 20 novembre 1738. Il a donc trente-et-un ans, elle doit en avoir environ dix de moins: une lacune dans les registres de Mouillac a fait disparaître son acte de baptême, mais son acte de décès en 1785 lui accorde environ soixante-huit ans, ce qui place sa naissance aux alentours de 1717. Elle est fille d'un  brassier, et peut-être le laboureur Pierre Vayssié avait-il plus de facilités pour organiser les noces - ou peut-être y tenait-il: le fait est que tous ses enfants se sont mariés à La Salle, même si ses filles ont ensuite résidé ailleurs.

     

            

     

           Le couple a trois fils. L'aîné, Pierre, demeure célibataire. Le second, Étienne, perpétuera la lignée à Mouillac. Le dernier, également prénommé Pierre, meurt à dix mois, le même jour que son père. C'est ici que l'imagination s'enflamme: l'enfant a-t-il couru un danger (chute dans un puits, écroulement d'un mur en construction ou d'un poutre, effondrement d'un pile de bois, approche imprudente d'un cheval ou d'un bœuf...) et son père est-il mort avec lui en voulant le sauver? Ou plus banalement une même maladie les a-t-elle frappés ensemble? Ou une intoxication? Ou la famine? Le fait est qu'il y a une telle concentration de décès dans le seul hameau de Cavaillé en un peu moins de deux mois en cette fin de 1748 que le curé est obligé, faute de place, de reporter une partie des actes dans le registre de 1749. Parmi les morts, Étienne Léris, maçon - et parrain d'Étienne Vayssié.

         

             "Le cinq [décembre 1748] mourut Bertrand Vayssié du village de Cavaillé, âgé d'environ quarante ans, et fut enseveli le six au tombeau de ses aïeux par moi soussigné; présents, Géraud Léris, maçon, de Vaylats, signé, et Barthélémy Alaux, non signé pour ne savoir, de ce requis par moi,

                                                                                      Frayssinet curé   Léris"

      

    Le "tombeau des aïeux"' (ou "de ses prédécesseurs") semble n'être qu'une formule un peu pompeuse qu'affectionne le curé et qu'effectivement il emploie à plusieurs reprises. Bertrand Vayssié n'avait à Mouillac que des ancêtres maternels.

    Pour l'enfant de dix mois, le curé se contente, selon une habitude répandue dans ces anciens registres, d'un ajout en marge de l'acte de baptême:

      

      "obiit die 5e xbre" : "mourut le 5 décembre".

     

     

     

                                    ... ET LAISSER SON EMPREINTE.

     

     Au milieu des années 1950 encore, nous habitions "a co de Bertron" (transcription phonétique), c'est-à-dire "dans la maison de Bertrand, chez Bertrand". Il me semble bien - mes souvenirs sont flous - qu'une fois au moins j'ai demandé une explication et qu'on n'a pu m'en fournir: on avait toujours dit comme ça, voilà tout. Quand le prénom de Bertrand est apparu dans la lignée de mes aïeux, un peu de lumière s'est fait; c'était forcément de lui que la maison tirait son nom patois. Mais pourquoi?

    Les registres montrent que ce prénom s'est également attaché à ses descendants. Il arrive que son fils Étienne soit par erreur appelé Bertrand; ainsi dans l'acte de décès de sa fille Jeanne, morte à six ans en 1786, celui-ci est successivement Bertrand puis Étienne. La mention "dit Bertrand" se trouve accolée tantôt au prénom, tantôt au nom de son petit-fils Jean Pierre, et de ses arrière-petits-enfants; à la fin du XIXème siècle, le même Jean Pierre Vayssié devient Bertrand Vayssié dans l'acte de décès de l'un de ses fils, Jean Antoine, à Lalbenque.

    À quoi attribuer une telle persistance? À la rareté de son prénom à Mouillac lorsqu'il s'y installe? S'y est-il fait remarquer par son caractère? Est-ce lui qui a fait construire, ou du moins commencer la maison? Il y a ces Léris, Étienne et Géraud, maçons de Vaylats, dont l'un est le parrain de son second fils et l'autre témoin à sa sépulture... Les circonstances de sa mort et de celle de son plus jeune enfant le même jour étaient-elles de nature à frapper durablement les esprits? Je n'ai pas de document qui permette de trancher. 

     

     

      


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :