• INVENTAIRE

                                                   

                                                      UN INVENTAIRE

     

    Bertrand Vayssié mort à quarante-et-un ans en décembre 1748, que son décès soit dû à un accident ou à une maladie foudroyante, n'a d'évidence pas eu le temps de faire un testament. En effet, en mai 1753, soit plus de quatre ans après, Anne Miquel, sa veuve, fait dresser un inventaire des biens qu'il a laissés.

    Pourquoi?  Veut-elle clarifier la situation alors que le père de Bertrand est mort l'année précédente?  A-t-elle eu vent de critiques sur la façon dont elle gérait l'héritage de ses deux fils survivants?  À la lecture de l'acte rédigé par le notaire de Puylaroque, on a bien l'impression qu'elle entend se justifier. Elle commence par déclarer qu'il s'agit de "ne point confondre ses biens avec ceux de feu son mari" et de "prévenir l'égarement des meubles et effets délaissés par ledit Vayssié son mari".  Elle rappelle sa "qualité de mère tutrice des droits de la personne de Pierre et Étienne Vayssié ses enfants". Elle a fait convoquer par "exploit" non seulement le notaire, mais encore Raymond Vayssié, frère de Bertrand - qui s'est fait représenter par sa femme, Jeanne Vidaillac -, Pierre Miquel, "aïeul maternel" des enfants, c'est-à-dire son propre père, et le beau-frère de Bertrand, Jean Artoux, mari de Jeanne Vayssié. Deux témoins sont également présents, Antoine Besse Dalot et son fils Pierre, qui signent. En outre elle souligne qu'elle entend utiliser "à l'usage des enfants" ce qui reste de vêtements, soit une veste de toile et quatre chemises, ainsi que "trente bottes de laine".  Enfin, conduisant le notaire et les témoins dans l'écurie, elle fait observer que les deux bœufs qui s'y trouvent sont "de plus grand prix que les trois vaches que ledit Vayssié délaissa à son décès": serait-ce là l'origine de rumeurs d'une gestion contestable? 

     

    INVENTAIRE     INVENTAIRE

     

     

    Pour le reste, ce qu'on remarque dans cet inventaire, c'est la présence de plusieurs ustensiles de cuivre, un seau, un chaudron, une vasque, une lampe, dont le poids est chaque fois précisé; de meubles en bois de noyer, deux coffres fermant à clé, dont l'un est "presque neuf", et deux lits, dont l'un n'est qu'un "châlit sans menuiserie" garni d'une paillasse, mais entouré de rideau de "serge rouge", tandis que la garniture de l'autre est minutieusement décrite: édredon et matelas fourrés de plumes d'oie, couette piquée, draps, dessus de lit, rideaux. Et parmi les outils, si certains - "foussoirs à foussoyer le millet", "essieu de fer", "tonnelets"... - sont évidemment à usage agricole, se distingue un ensemble formé d'une "bésagude" (en français "besaiguë") qui est un instrument de charpentier*, avec "tous les outils apprêtoires (?)". Peut-on en conclure que Bertrand avait au moins commencé la construction ou l'amélioration d'une maison? Deux maçons résidaient alors dans le même hameau, dont l'un, Étienne Léris, mort dans la même période que Bertrand, était le parrain d'Étienne Vayssié. Peut-être même le coffre "presque neuf" et le lit menuisé étaient-ils l'œuvre de Bertrand...

     

    INVENTAIRE

     

    De l'inventaire, il ressort encore qu'aucune pièce de vaisselle n'est mentionnée: sans doute représentaient-elles toutes l' apport d'Anne au ménage. Dans l'équipement de la cuisine, cependant, appartiennent à l'héritage de Bertrand  "un pendant de feu", autrement dit la crémaillère, "deux landiers", ou chenets, une "petite salière bois de noyer"** et d'un "coutre à deux mains à couper le pain",

    Quant au cheptel, en plus des bœufs, il comporte quatorze brebis et une chèvre.

    Le tout est évalué à 220 livres. Ce n'est peut-être pas si peu, quand on songe que les biens remis à Bertrand par son père à l'occasion de son mariage étaient estimés à 1 000 livres.

     

    * Wikipédia:

    besaiguë /bə.ze.gy/ féminin

    1.  (Charpenterie) Outil de fer, taillant par les deux bouts, dont l’un est en bec-d’âne et l’autre en ciseau : il sert à dresser et réparer le bois de charpente et à faire les tenons et mortaises.

    INVENTAIRE Image tirée du Petit Larousse 1905.

     

    ** Il s'agit plutôt d'un meuble: une sorte de chaise dont l'assise était un coffre à sel. "Petite" signifierait-il que Bertrand l'avait faite à la taille de ses fils?

    INVENTAIRE

     

     


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