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    CAYLUS  ET  PUYLAROQUE

     

     

     

                                   

                                               CAYLUS ET PUYLAROQUE...

     

     ... sont les deux pôles entre lesquels a oscillé Mouillac à la Révolution. En effet Puylaroque fut brièvement érigé en canton (du département du Lot) et Mouillac lui fut rattaché pendant quelques années, avant d'être intégré au canton de Caylus.

     

             JEAN PIERRE VAYSSIÉ

     

    Les deux villages avaient naguère leurs marchés et leurs foires.

    À Puylaroque se tenait notamment au début du XXème siècle le marché aux tresses de paille; ces tresses étaient confectionnées dans les campagnes d'alentour pour être vendues aux fabricants de chapeaux de Caussade et de Septfonds:

     

    CAYLUS ET PUYLAROQUE

     

     

    La population des deux villages ayant beaucoup décru, ils sont aujourd'hui moins animés.

                                      

                                           POPULATION DE CAYLUS

    1800 1901 2011
    5 131 h  3 654 h 1 526 h 

     

     

                                          POPULATION DE PUYLAROQUE

               1793 1901   2011
             2 080h  1 551 h  671 h

     

     

    Il leur reste quelques curiosités touristiques, telles que la Maison des loups à Caylus, ou la Fontaine du Barry à Puylaroque.

     

                                                   JEAN PIERRE VAYSSIÉ

               

              

                  JEAN PIERRE VAYSSIÉ                                      

                                              

      

     

                                 

      

     


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    JEAN PIERRE VAYSSIÉ  (1783-1860)

     

                                                         CHEF DE TRIBU?

     

    On est tenté de voir en Jean Pierre Vayssié, comme en son arrière-petit-fils, Jean-Marie, mon grand père, une sorte de patriarche. Peut-être à cause des responsabilités qu'il a dû assumer tôt. Peut-être parce que, sur ses huit enfants, six ont atteint l'âge adulte et deux ont été à l'origine d'une descendance nombreuse. Peut-être parce qu'à la différence de son père et de son grand-père il a atteint un âge avancé.

    Il n'a que dix-sept ans quand il vient déclarer le décès de son frère cadet Joseph; auparavant il a perdu son père et son frère aîné. Il n'a sans doute que dix-huit ou dix-neuf ans quand il épouse Marie Vidaillac qui en un de moins. Est-ce parce qu'il a conscience du décalage entre sa jeunesse et les responsabilités qu'il assume qu'en déclarant la naissance de son premier fils en 1804 il se donne vingt-cinq ans alors qu'il en a vingt-et-un? Ou s'agit-il d'une de ces erreurs courantes dans les registres anciens?

    Il est alors propriétaire des terres qu'il exploite, la mention figure explicitement dans ce même acte de naissance. Mais il ne saurait être riche: le témoin auquel on doit quelques échos des troubles révolutionnaires à Mouillac rapporte qu'au XIXème siècle les familles nombreuses vivaient chichement.

    Le surnom de Bertrand lui reste attaché, jusqu'à être pris pour son prénom dans l'acte de décès d'un de ses fils; son prénom usuel semble avoir été Jean, ce qui s'explique aisément puisque son oncle et son frère portaient tous deux celui de Pierre. De même, au nom de sa femme, Marie Vidaillac, est souvent accolé le surnom de Fabien, prénom, là aussi, d'un ancêtre, qui permet de différencier les diverses familles de Vidaillac à peu près aussi nombreuses que les Cavaillé dans la région; il arrive même une fois ou deux que ce surnom soit pris pour le nom.

    On ne peut s'empêcher d'entendre de la fierté dans une mention insolite (je n'en ai encore rencontré qu'une seule autre semblable) de l'acte de décès de Marie Vidaillac:

    "...lesquels nous ont déclaré que (...) Marie Vidaillac, épouse de Jean Vayssié, dit Bertrand, est décédée au dit lieu de Cavaillé, âgée de soixante-et-un ans, décédée à la survivance de cinq enfants et une fille..."

    S'agit-il d'un hommage du fils venu déclarer le décès, d'une dernière volonté de la mère, ou d'exprimer une admiration générale à une époque où l'on perd tant d'enfants en bas âge? Le sort ou la Providence a épargné à la mère de connaître le décès de son fils aîné, mort un an après elle.

     

                               CINQ FILS ET UNE FILLE, MAIS...   

     

               JEAN PIERRE VAYSSIÉ

                 

     

     La seule des filles qui survive, Marianne, se marie à Mouillac en 1833 avec Jean François Rivière, de Puylaroque, village où s'écoulera sa vie; elle aura trois fils.       

            JEAN PIERRE VAYSSIÉ   

    Le fils aîné, Jean Pierre, se marie en 1836, lui aussi à Mouillac, avec Françoise Lestang, née à Puylaroque en 1808. Le couple n'aura, en 1845, qu'une fille morte si peu de temps après sa naissance que seul le décès est déclaré. Chose curieuse, il l'est à Puylaroque, Françoise Lestang ayant accouché dans la maison de ses parents: redoutait-elle une grossesse tardive? ne s'entendait-elle pas avec sa belle-mère, ou celle-ci, qui devait mourir quatre mois après, ne pouvait-elle l'assister? Jean Pierre Vayssié était-il déjà malade? Après la mort de Jean Pierre, qui survient quelques mois plus tard, Françoise se remarie avec un agriculteur de Parisot.

    J'ignore ce qu'est devenu le second fils, Pierre; il n'y a trace dans les registres de Mouillac ni de son mariage ni de sa mort ni d'aucune sorte de présence. S'il s'était placé comme ouvrier agricole (ce que fera le plus jeune, Joseph) et marié sur son lieu de travail, cela n'a rien d'étonnant. Il peut aussi être devenu soldat, ou prêtre, ou avoir émigré.

    Jean, le troisième, se marie quelques mois après la mort de Jean Pierre, avec Marie Cavaillé Pelet, de Mouillac. Ils n'auront pas d'enfant.

    C'est au quatrième, Jean Antoine, que la lignée des Vayssié de Mouillac devra de se perpétuer, mais avec un détour. En effet, Jean Antoine s'est marié en 1838 à Lalbenque (46) où il passera toute sa vie. L'un de ses fils, Antoine, viendra à Mouillac prendre la suite de Jean.

    Quant au plus jeune, Joseph (sans doute ainsi nommé par son père en souvenir du jeune frère qu'il avait perdu), il se place comme "domestique", selon son acte de mariage, à Caylus, où il épouse en 1848 Marie Baboulène. Il en aura neuf enfants. Il gardera l'orthographe Vaissié, alors qu'à partir d'Antoine, ceux de Mouillac écriront Vayssié.

     

           

     

     

                                 LES GUERRES DE L'EMPIRE

     

       Selon l'entretien déjà cité, elles n'ont que peu affecté Mouillac. 

       "- Napoléon, je ne peux pas vous dire ce qu'il a fait. Mais ce que je crois pouvoir vous dire, c'est qu'on a trouvé qu'il était un peu trop guerrier.

    - Trop guerrier?

    - Trop guerrier. Car, à cette époque, il y avait des déserteurs un peu partout.

    - Ah! oui, ici aussi?

    - Oui, ici. Et en 1814, après la Campagne de Russie, quand on a voulu faire une levée en masse des hommes, il y a des pères de famille qui se sont cachés.

    - Il y en a eu qui se sont cachés? Beaucoup?

    - Quelques-uns. Je ne sais pas lesquels, mais il y en a qui se sont cachés, et puis la paix est arrivée bientôt, en 1815, en 1814 même ç'a été la paix, puis en 1815 Waterloo. Ils ne se sont pas cachés longtemps."

    Jean Pierre Vayssié était-il de ces pères de famille qui se sont cachés? Ou bien était-il trop âgé pour que la levée en masse le concerne?

    La bataille de Toulouse a toutefois coûté la vie à un habitant de Mouillac, Mathieu Miquel, dont le patronyme suggère qu'il appartenait à la même famille que la femme de Bertrand Vayssié, Anne Miquel.

     JEAN PIERRE VAYSSIÉ

                (Transcription de l'acte de décès dans les registres de Mouillac.)

     

      

     

     


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     ÉTIENNE VAYSSIÉ (1746 - 1790)

     

     

                                                         FRÈRES, ONCLE, NEVEU

     

    Qu'on en soit propriétaire ou tenancier, la terre ne se divise pas; elle ne saurait nourrir un nombre exponentiel d'individus. S'il n'est pas question de droit d'aînesse chez les paysans d'avant la Révolution, on pratique ce qu'on appellera encore en 1950 un "arrangement", avec ou sans contrat notarié.

    Les filles quittent la maison en se mariant, généralement entre vingt et trente ans, à moins d'être héritières uniques. Les registres que j'ai parcourus ne mentionnent que très rarement le décès d'une "fille innupte", c'est-à-dire d'une femme demeurée célibataire.

    Quant aux fils, s'ils se marient, un seul peut prendre, avec sa femme et leurs enfants,  la suite des parents. Les autres doivent s'établir à l'extérieur. Épouser une fille unique, ou une veuve sans enfants, constitue évidemment une aubaine, et l'on voit parfois des actes de mariage entre un garçon de vingt-cinq ans et une femme de quarante. Ce n'était pas le cas de Bertrand Vayssié puisque sa femme, Anne Miquel, était la fille d'un brassier, et pourtant il avait à Mouillac le statut de laboureur, ce qui semble supposer soit qu'il ait racheté une tenure soit qu'elle lui soit échue en héritage.

    Il arrive aussi que l'un des fils ne se marie pas et reste avec son frère et sa belle-sœur; c'est ce qui s'est apparemment passé dans le cas d'Étienne et de Pierre. Mais pourquoi est-ce le cadet qui se marie et non l'aîné? Mystère... à moins que l'amour ne s'en soit mêlé.

    Ce qui est certain c'est que Pierre apparaît constamment à Cavaillé auprès de son frère puis de ses neveux, et qu'il décède "garçon". La mort prématurée de leur père les a-t-elle soudés plus que d'autres? L'un avait deux ans, l'autre cinq. La mort d'Étienne au moment où éclatait la Révolution et alors que son fils aîné n'avait pas dix-huit ans a-t-elle définitivement engagé Pierre?

    En tout cas il est catalogué dans les registres d'état civil comme "Pierre Vayssié, oncle" pour le distinguer de son neveu et filleul qui porte le même prénom; on aurait presque envie de sourire des contorsions stylistiques de l'acte qui enregistre le décès du neveu - à vingt-deux ans -, décès déclaré par l'oncle Pierre et noté par un Jean Bosc, qui est également son oncle, du côté maternel - et que par ailleurs ses toutes nouvelles fonctions d'officier d'état civil encombrent d'une attention scrupuleuse:

        "Aujourd'hui vingt-trois octobre [en marge: je veux dire vingt-trois vendémiaire] mil sept cent quatre-vingt-quatorze [au-dessus: vieux style] troisième année républicaine, (...) par-devant moi, Jean Bosc, officier public (...), sont comparus Pierre Vayssié, cultivateur, âgé de soixante ans, et Pierre Couderc, cultivateur, âgé de vingt-deux ans (...), le premier oncle paternel de Pierre Vayssié, le second proche voisin et cousin dudit Vayssié âgé de vingt ans, lesquels Pierre Vayssié, oncle, et Pierre Couderc, cousin, m'ont déclaré que ledit Pierre Vayssié, neveu, est mort hier à dix heures du soir en son domicile au lieu de Cavaillé (...); et j'en ai dressé le présent acte que Pierre Couderc a signé avec moi, non Pierre Vayssié, oncle du décédé, pour ne savoir de ce requis (...)."

    (Pierre Couderc a épousé Antoinette Bosc, fille de Jean Bosc, cousine de "Pierre Vayssié neveu").

     

     

      

                                         UNE VIE OBSCURE ET BRÈVE

     

    Il n'y a pas d'autre événement visible dans l'existence d'Étienne Vayssié  que les étapes familiales ordinaires. Il tient son prénom, sans exemple dans la lignée, de son parrain, le maçon Étienne Léris, qui mourra à vingt-cinq ans, moins d'un mois avant Bertrand Vayssié. Il a pour marraine la belle-sœur de son père, femme de Raymond Vayssié, de La Salle.

    Sa femme, Marie-Anne (ou Marianne) Bosc, est la fille d'un laboureur de Perrufe, et compte parmi ses frères le Jean Bosc qui sera, après la Révolution, le second officier d'état civil de Mouillac, évidemment parce qu'il est l'un des quelques Mouillacois qui savent écrire: témoin au mariage de sa sœur, ainsi que Pierre, le frère d'Étienne, il est seul à signer avec les deux prêtres présents, le curé de Mouillac et le vicaire de Mazerac où, semble-t-il, la famille Bosc avait des attaches.

    Des cinq enfants du couple, quatre mourront prématurément, les deux filles tout enfants, du vivant de leur père, et deux des garçons après sa mort.

     

          ÉTIENNE VAYSSIÉ  

     

    Mort en 1790, à quarante-quatre ans (et non quarante-huit comme l'écrit le curé), Étienne a-t-il saisi quelque chose de la Révolution? Elle ne paraît pas avoir troublé Mouillac outre mesure avant 1792: jusqu'à cette année-là, c'est toujours le curé qui rédige les actes d'état civil; ensuite un officier élu par le Conseil de la Commune prend le relais, officier pour le choix duquel à Mouillac les possibilités sont évidemment limitées: un petit nombre d'habitants seulement maîtrise l'écriture (mais moins l'orthographe...); en 1801, un maire assisté d'un secrétaire de mairie (qui se trouve être l'agent élu en 1793) le remplace. 

     

     

     

                                   UN ÉCHO DE LA RÉVOLUTION

     

    En 1967, un propriétaire de résidence secondaire, curieux d'histoire locale, interrogea l'un des plus vieux habitants de Mouillac, son voisin, et dactylographia leur entretien.

    "Qu'est-ce qui s'est passé ici à cette époque-là, vous en avez souvenir?

    - Oui, monsieur. Ces souvenirs,  je les ai pour avoir entendu dire à mon père qui tenait ces renseignements de son père et de sa grand-mère.(...) Le grand-père était mort en 1850, et sa veuve était née pendant la Révolution française en 1792; son mari avait douze ans de plus et se rappelait très bien la Révolution. (...)

    - Alors, à la Révolution, quelle a été l'attitude des gens de Mouillac?

    - La population de Mouillac comme des environs était très chrétienne, et même très catholique et pratiquante. Tout le monde aurait été vexé de l'attitude anti-religieuse de la Révolution et surtout de la Terreur, ce qui a laissé un très mauvais souvenir de la Révolution. (...) Alors donc, en 1789, le curé de la paroisse de Mouillac s'appelait monsieur l'abbé Lanusse*; il a été obligé de se cacher et d'exercer son ministère clandestinement.

    - L'église était fermée?

    - Oui. Il paraît qu'on disait la messe dans des maisons, très souvent dans la maison Bouissy-Tillaraou de Cavaillé.

    - Dans la maison où nous nous trouvons?

    - Oui, oui. On mettait un guetteur de chaque côté du village pour voir si quelqu'un arrivait de Caylus ou de Puylaroque, et alors on célébrait la messe. (...) Le curé s'est caché je ne sais où, là où il pouvait; et on dit que notre arrière-grand-mère avait été baptisée dans une cabane dans les bois de Pech d'Auriol. Voilà ce que j'ai toujours entendu dire. (...)

    - Combien de temps est-ce que le prêtre s'et caché, vous ne savez pas?

    - Oh! peut-être, je ne sais pas, trois ou quatre ans.

    - Aussi longtemps que ça?

    - Oui, oui, trois ou quatre ans.

    - Et vous ne savez pas chez qui il habitait particulièrement?

    - Non, non, on ne le disait pas.

    - Mais ça aurait pu se dire depuis? Parce qu'il n'habitait pas dans les bois, sans doute il allait habiter dans des familles?

    - On ne sait pas. Alors, on a fait quand même quelques bonnes choses, quelques bonnes réformes. On a vendu les biens de l'Église. Il y avait un champ de quatre hectares situé près de l'église. (...) Ça s'est vendu, je ne sais à qui. Seulement ce champ appartenait à la famille Besse-Cayla, de Cavaillé, après 1800."

    * En 1789, l'abbé Lanusse n'était encore que vicaire à Vaylats (46), mais il n'est pas impossible qu'il ait été curé de Mouillac à partir de 1792.

     

             ÉTIENNE VAYSSIÉ 

             Cabane en pierre sèche, telle qu'on en rencontre dans les bois de Mouillac.

     

     

     

     


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